Les associations témoignent sur le mécénat de compétences

Découvrez le témoignage des associations à propos de leurs expériences du mécénat de compétences !

Logo des Petits Frères des PauvresPortrait de Coline Cosserat
Coline Cosserat,
responsable du Pôle National Bénévolat et Engagements de l’association Les Petits Frères des Pauvres.

Les Petits Frères des Pauvres

Depuis 1946, les Petits Frères des Pauvres luttent contre l'isolement et la solitude des personnes âgées, prioritairement les plus démunies. Par nos actions, nous recréons des liens leur permettant de reprendre goût à la vie et faire partie du monde qui les entoure. Vivre tout simplement...

Site web : www.petitsfreresdespauvres.fr

En quelques chiffres :

  • 27 058 personnes aidées en 2022
  • 2 590 personnes ont bénéficié au moins d'une journée de vacances
  • 13 220 appels sur la plateforme Solitud’écoute en 2022
  • 382 équipe d'actions, 15067 bénévoles, 358 salariés et 10 personnes en mécénat de compétences !

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Voir les missions en mécénat de compétences de toutes les associations

Présentez-vous / Votre association

Coline Cosserat, responsable du Pôle National Bénévolat et Engagements de l’association Les Petits Frères des Pauvres. L’association Les Petits Frères des Pauvres aide et soutient les personnes âgées isolées. Nous accueillons actuellement 10 personnes en mécénat de compétences long.

Comment vous est venue l’idée de rechercher des salariés en mécénat de compétences ?

Cela correspondait à une envie de renouveau dans notre politique d’engagement et à un vrai besoin de nos équipes d’accueillir des actifs et de leur proposer de beaux projets à impact pour lutter contre l’isolement des aînés.

Comment vous y êtes-vous pris ? Est-ce dans le cadre d’une politique de votre association ?

Notre Conseil d’Administration a validé une note d’orientation politique pour développer le mécénat de compétences. Aussi, nous avons structuré tout un processus d’accueil des collaborateurs en mécénat de compétences et nous pouvons nous appuyer sur une charte éthique qui nous permet d’identifier le match entre nos valeurs et nos potentiels partenaires.

Utilisez-vous des plateformes ? Vos contacts au sein des entreprises ?

Nous avons une dizaine d’entreprises partenaires avec lesquelles nous travaillons. Nous avons testé des plateformes, mais sur le mécénat long cela n’a pas été très concluant car nous avons que très peu de propositions d’engagement. Actuellement, nous avons une dizaine d’offres à pourvoir mais peu de candidats pour des missions de long terme. Les journées de solidarités remportent plus de succès.

Comment avez-vous défini votre besoin ? A quelle nécessité cela correspondait-il ? Quels types de missions sont proposés par les entreprises ? Par vous ?

Les associations locales des Petits Frères des Pauvres qui veulent accueillir des salariés en mécénat de compétences contactent notre siège où une chargée de mission au sein du Pôle national Bénévolat & Engagements est dédiée au sujet. Ils co-rédigent une fiche projet. Ensuite, ils peuvent lancer le recrutement.

Puis on reçoit les personnes qui candidatent en entretien pour entendre leurs envies et motivations. Souvent, c’est une transition douce vers la retraite. Donc, on construit des projets sur mesure si nos missions ne conviennent pas à 100%. Notre adaptabilité est l’une de nos forces. En effet, il faut que les exigences soient ajustées. La fin de carrière, les collaborateurs sont parfois un peu plus fatigués, c’est une période qui peut s’avérer sensible, une période à prendre soin. Le plaisir est donc la clé du succès d’une mission en mécénat de compétences. Nous mettons systématiquement en lien les collaborateurs en mécénat avec les équipes bénévoles et d’ailleurs, 95% des personnes qui ont été en mécénat de compétences restent ensuite bénévoles chez Les Petits Frères des Pauvres.

Il est bien clair qu’il ne s’agit pas d’un poste salarié, qu’il s’agit de court terme, et d’un engagement sur une mission bien définie avec une date de début et de fin de mission.

Quel est le rythme de vos missions ? Combien de temps durent-t-elle ?

Les missions de mécénat de compétences long durent en général entre six mois et vingt-quatre mois, à temps partiel ou complet.

Nous avons une personne qui est l’interlocuteur unique pour les entreprises tout au long de la mission, mais en réalité il y a surtout un contact approfondi au début et à la fin de la mission.

À la fin de la mission, nous faisons une évaluation du projet. Nous avons un entretien avec la personne en mécénat de compétences, nous organisons un pot pour célébrer le mécénat et nous rédigeons quelques lignes pour dire à l’entreprise comment s’est passé la mission.

Avez-vous prévu un processus d’intégration ?

Comme évoqué précédemment, il y a un véritable parcours du salarié en mécénat de compétences. Tout d’abord elles ont un manager opérationnel salarié. Il y a une première période d’accueil, qui comporte des éléments très pratiques comme la création d’une adresse mail, la mise à disposition d’un équipement informatique, l’inscription à notre outil interne Kiosque, un accès intranet, et des formations selon la mission exercée.

En dehors de la mission proprement dite, quel enrichissement cela a-t-il apporté à votre association ?

Il y a déjà la mise en œuvre d’un projet bonus pour l’association, et cela permet aussi de se connecter à l’univers de l’entreprise pour l’association.

Enfin, cela enrichit l’association avec un renfort supplémentaire, un apport de nouvelles richesses à l’association.

Seriez-vous prêts à renouveler l’expérience ?

Oui bien sûr, nous n’avons eu que de belles expériences ! C’est un dispositif à tester. Mais il faut du temps. En effet, cela en prend autant que lorsque l’on recrute un salarié.

Il y a aussi tout un aspect juridique et administratif à prendre en compte.

Il faut également expliquer le rôle de la personne en mécénat, ce qui n’est pas toujours clair ni pour les bénévoles ni pour les salariés.

Enfin, il faut bien sûr proposer des missions qui correspondent au projet associatif et dès le début poser un cadre autour de la fiche projet afin que les attentes soient claires pour tout le monde.

Logo de Habitat et HumanismeIcône d'une femme
Claire Peterman,
Chargée de mission développement RH et Vie Associative Fédération Habitat et Humanisme.

Habitat et Humanisme

Depuis 38 ans, pour répondre à l’exclusion et l’isolement des personnes en difficulté, Habitat et Humanisme agit en faveur du logement et de l’insertion et de la recréation de liens sociaux. Résolument tourné vers l’innovation, le Mouvement a développé des outils économiques à vocation sociale pour financer et mener à bien son action.

Site web : www.habitat-humanisme.org

En quelques chiffres :

  • 1980 nouvelles familles logées 2022
  • 10 620 logements et 47 établissement médico-sociaux
  • 2 650 personnes accueillies en centres d'urgence ou accueil de réfugiés
  • 5 000 bénévoles, 2 000 salariés et plus de 70 personnes en mécénat de compétences !

Voir les missions en mécénat de compétences de Habitat et Humanisme
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Présentez votre association et votre rôle

Habitat et Humanisme est une association qui permet à des personnes en situation de précarité d’accéder à un logement et qui agit en faveur de l’insertion et de la recréation de liens sociaux.
Le Mouvement a développé des outils économiques à vocation sociale pour financer et mener à bien son action, à savoir :

  • Permettre aux personnes à faibles ressources, précarisées en raison de leur situation sociale, de leur âge, de leur handicap ou de leur santé, d’accéder à une solution d’habitat adaptée à leur situation et leurs ressources.
  • Contribuer à une ville ouverte à tous, en privilégiant les logements situés dans « des quartiers équilibrés ».
  • Proposer un accompagnement personnalisé ou collectif pour favoriser la recréation de liens et l’insertion sociale.

Nous avons trois activités principales : le logement accompagné, l’accueil de personnes dans des établissements EHPAD et enfin l’accueil de personnes réfugiées et de personnes en situation de grande urgence.
Au niveau de l’organisation, nous sommes un mouvement avec une fédération, qui compte 59 associations locales. Le rôle de la fédération est d’accompagner les associations sur leur territoire pour développer leurs projets afin qu’ils soient cohérents avec les besoins locaux, d’apporter du soutien et du conseil.

Mon rôle au sein de cette fédération est d'accompagner les associations locales d’Habitat et Humanisme dans le développement des ressources humaines et de la vie associative, dans leurs questions d’organisation, de fonctionnement, de gouvernance, et plus particulièrement sur le développement des ressources humaines bénévoles. Nous accompagnons ainsi les associations pour recruter, intégrer, et animer leurs équipes. Je m’occupe en parallèle du mécénat de compétences pour lequel j’assure le lien entre les entreprises avec lesquelles on est partenaire et les associations qui identifient des besoins qui pourraient être réalisés par des salariés en mécénat de compétences.

Le mécénat de compétences chez Habitat et Humanisme

Habitat et Humanisme existe depuis 1985 et le mécénat de compétences y est pratiqué depuis 2015. C’est avec Orange que la première expérience a eu lieu, car elle a été une des premières entreprises à proposer le mécénat de compétences à ses salariés.
Au quotidien, il y a à peu près à peu près 55 personnes en mission dans l’ensemble du mouvement d’Habitat et Humanisme, autant au niveau des associations locales qu’au niveau de notre fédération. Pour vous fournir quelques données, en 2022, nous avons accueilli sur l’ensemble de l’année 76 personnes en mission et chaque année une quinzaine-vingtaine de personnes en mécénat de compétences nous rejoignent et à peu près 10-15 personnes arrêtent leur mission.
Une fois que leur mission en mécénat s’achève, beaucoup restent en tant que bénévoles dans l’association sachant que depuis quelques années nous sommes plutôt sur une croissance du nombre de personnes qu’on accueille en mécénat.

De quels types de missions s’agit-il ?

Durée
Ce sont plutôt des missions longues voire très longues de deux ans, essentiellement basées sur du mécénat de fin de carrière selon les accords d’entreprise, qui peuvent se dérouler sur du mi-temps, du temps partiel, ou du temps plein.
Depuis deux ans environ, on reçoit aussi beaucoup de propositions d’entreprise qui proposent du mécénat beaucoup plus court, par exemple un ou deux jours par an. Nous accueillons quelques personnes dans ce cadre-là, mais on va plutôt cibler des missions de compétences c’est-à-dire que des personnes vont partager leurs compétences sur des domaines très spécifiques : du conseil, de la formation etc.

Typologie
Les types de missions qu’on peut proposer sont variées. Elles ont lieu au niveau local ou au niveau national.
Au niveau local, on va retrouver toutes les missions que sont les missions d’Habitat et Humanisme : cela peut être des missions en lien avec l’habitat, comme la prospection de projet immobilier, ou l’accompagnement des personnes logées, et puis cela peut être aussi des missions qu’on peut retrouver dans toutes les associations sur les fonctions supports.
Par exemple, dans l’accompagnement, ça peut être des missions en lien direct avec les personnes qui sont logées, comme la responsabilité d’une équipe de bénévoles qui intervient auprès des locataires. Au niveau national, il y a la possibilité de s’engager sur des missions plus stratégiques qui demandent des compétences spécifiques sur l’immobilier comme la gestion des logements au niveau de la foncière, ou cela peut avoir lieu au niveau des services mutualisés tel que le service informatique, ou encore le développement des partenariats et la communication.

Comment avez-vous défini votre besoin ? A quelle nécessité cela correspondait-il ? Quels types de missions sont proposés par les entreprises ? Par vous ?

Ce que nous faisons avec les entreprises, c’est de créer un lien en leur faisant remonter les besoins identifiés par nos associations, et en précisant que ce sont des exemples de besoins qui peuvent évoluer.
Quand on reçoit des candidatures de mécénat de compétences de la part des salariés, ils ignorent souvent ce qu’ils souhaitent faire et c’est assez rare qu’ils réagissent à une offre de mission particulière, car elle ne correspond pas vraiment à ce qu’ils recherchent.
Et là intervient le travail de dentelle pour définir le besoin de l’association, les compétences de la personne, la personne correspondant aux besoins de l’association, et c’est également se demander ce que la personne a envie de faire dans ce projet. Une personne qui a travaillé toute sa vie dans l’informatique n’a pas toujours envie de poursuivre dans le même domaine en tant que salarié en mécénat de compétences.

Les différentes offres permettent ainsi de montrer que les missions sont extrêmement variées et que chez Habitat et Humanisme, on a la chance d’avoir une ouverture nationale ce qui peut aussi intéresser certaines entreprises. Quand une candidature arrive on présente à la personne notre association en lui disant « je t’invite à prendre contact avec moi au niveau national », on fait un premier entretien pour que je lui explique toutes les missions qu’on peut proposer, ce qui lui permet d’avoir un premier aperçu. Ensuite, en fonction de sa localisation, la personne est orientée vers l’association la plus proche. Cette étape peut prendre du temps.

Avez-vous prévu un processus d’intégration ?

C’est un processus particulier pour intégrer les salariés. Il faut revenir sur la façon dont on fonctionne avec les entreprises : on a des partenariats qui sont gérés au niveau national avec les entreprises nationales, c’est donc au niveau de la fédération que l’on gère cette relation, et c’est ensuite la fédération qui met en lien les associations avec les personnes qui candidatent.
Le salarié en mécénat de compétences et l’association se rencontreront plusieurs fois pour définir la mission, l’entreprise donne également son avis et son accord, et une fois que tout le monde est d’accord, l’entreprise rédige une convention tripartite de mise à disposition entre le salarié en mécénat de compétences, l’association qui accueille le collaborateur, et l’entreprise.
Le processus d’accueil leur propose d’assister à une session d’accueil et d’intégration qui est proposée à tout nouveau membre de l’association Habitat et Humanisme, qui leur permet de découvrir de façon assez générale le mouvement : on présente l’organisation du mouvement, les valeurs, la charte associative, l’organisation de la fédération, les services qu’ils vont pouvoir demander auprès de la fédération. Ensuite, on les accompagne de façon individuelle et régulière, notamment pour qu’ils comprennent bien le fonctionnement de l’association locale dans laquelle ils sont intégrés. Souvent les personnes ne connaissent pas du tout le monde associatif quand ils rejoignent une association dans le cadre du mécénat de compétences et le choc de culture peut être important, cette étape est donc essentielle.
En outre, on propose en fonction du type de missions qui est accepté par la personne de suivre des formations grâce à une école de formation interne qui est accessible à tous les membres quel que soit leur statut (bénévoles, salariés, salariés en mécénat de compétences).

Seriez-vous prêts à renouveler l’expérience ?

Pour nous ce sont vraiment des ressources humaines très intéressantes qui apportent beaucoup à nos associations et notamment sur la fin de carrière. Évidemment il y a la question du temps qui est importante, de disposer d’une personne qui sera présente pendant deux ans à temps partiel ou un plein-temps. Cela permet de faire avancer beaucoup de projets. Au-delà de la main-d’œuvre gratuite, les personnes qui nous rejoignent sont des personnes avec des compétences pointues qui ont un regard différent sur le monde associatif, ce qui est très enrichissant pour nous.
Cela fait aussi partie de notre projet, de nos valeurs d’accueillir différents profils, parce qu’on considère que chacun apporte des choses, que ce soient les bénévoles, les salariés et les personnes en mécénat : chacun va participer au projet d’Habitat et Humanisme.
A noter que 90 % des salariés en mécénat de compétences chez Habitat et Humanisme restent ensuite en tant que bénévoles. Ceux qui ne restent pas ont simplement besoin d’une coupure. Et ceux qui restent c’est parce que c’est aussi une partie de leur projet de mécénat, de se dire qu’ils profitent de ces deux ans pour découvrir une association dans laquelle ils pourraient rester impliqués une fois qu’ils seront à la retraite.
Ce qui est très régulier, une fois bénévole et non plus en mécénat, c’est que les personnes changent complètement de mission, ce qui est cohérent et logique pour faire comprendre au reste de l’association qu’elles n’ont plus le même statut, qu’elles seront présentes une journée par semaine voire un peu moins comme les autres bénévoles.
Pour les entreprises, c’est un gage de qualité que leurs anciens salariés restent pour devenir bénévoles, cela marque que le dispositif a été bien réalisé.